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Mieux comprendre les Verallia Design Awards grâce à Eve George, marraine de l’édition 2020

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Bonjour Eve, pourriez-vous vous présenter ?

Eve George, designer et souffleuse de verre / co-fondatrice de l’Atelier George, un studio de création d’objet en verre soufflé à la main
J’ai d’abord fait des études de design, à l’Ecole Boulle, puis à l’ENSCI les ateliers, à Paris. J’ai également unne formation en soufflage de verre à la canne, acquise au CERFAV et par différentes expériences professionnelles dans des ateliers verriers.
Je suis entrée à l’Ecole Boulle avant le bac, à 15 ans. Je pense que j’ai donc pris la décision d’en faire mon métier assez tôt. Il faut dire que les domaines d’exercice du design sont si vastes aujourd’hui, qu’un parcours d’étude en design peut mener à des carrières très différentes. Je n’ai donc pas forcément eu l’impression de me spécialiser avant de commencer à travailler le verre.

Pourriez-vous nous décrire votre journée type ?

Il y a plutôt deux types de journées :

  • Lorsque je suis en atelier : je commence tôt et je travaille de huit à dix heures en moyenne. Les journées sont intenses et je ne les consacre qu’au soufflage. Il y a ensuite toutes les autres étapes de fabrication et de finition des objets.
  • Lorsque je ne suis pas en production, j’organise mon temps entre les suivis de projet, la conception (en dessin et en modélisations 3D), la gestion des commandes, la communication, etc.

Eve, que vous inspire le verre ?

Je pense que j’appartiens à une génération de designer pour lesquels la question de l’éco-conception a toujours été d’actualité. La question de la durabilité du matériau est donc primordiale à mes yeux. Je pense d’ailleurs que ce rapport au temps caractérise à mes yeux, la préciosité d’un matériau par rapport à un autre. Il m’est d’ailleurs très difficile de percevoir l’esthétique dans un matériau plastique.

Pourquoi avez-vous choisi de travailler tout particulièrement ce matériau ?

C’est d’abord lié à la pratique même du soufflage de verre. Il y a quelque chose de fascinant à travailler avec une matière en fusion, qui bouge sans cesse, et qui change d’état à vue d’œil.Concevoir des objets qui passent par ce processus de mise en forme me passionne.

Quelles caractéristiques appréciez-vous dans le matériau verre ?

J’aime beaucoup que ce matériau possède ses propres règles, et que sa mise en forme reste un défi à chaque fois.Je suis aussi passionnée par la couleur. À mes échelles de production, c’est quelque chose que je peux beaucoup explorer, c’est d’ailleurs assez caractéristique de mon travail.

Eve, que pensez-vous du design dans le monde de l’alimentaire ?

En tant que consommatrice, je suis forcément influencée – consciemment ou inconsciemment d’ailleurs – par le concept marketing total du produit (univers, packaging, publicité, valeurs, etc.). Le fait d’être designer me rend certainement plus exigeante sur certains de ces aspects.Changer les habitudes en matière d’emballage et de recyclage est une mission de design de packaging, mais ce doit aussi être une ambition des entreprises agro-alimentaires : le designer est très peu décisionnaire de ce type de volonté.

Que pensez-vous du thème “le verre à la française”

Je vois deux facettes au « verre à la française » :

  • celle d’un point de vue du marché français, de la proximité, et d’une consommation consciente
  • et celle d’un point de vue du marché international, au sein duquel on souhaite faire rayonner la qualité du « made in France ».

C’est donc un thème très intéressant, qui interroge les modes de consommation actuels, mais également ce que le design peut apporter en termes de plus-value (valeur d’estime, symbolique, etc.). Lorsque je pense au savoir-faire français, je pense aussi assez vite à la gastronomie. Ce patrimoine peut être une vraie source d’inspiration.

Portez-vous une attention particulière à la fabrication française (Made in France/artisanale) dans vos créations ? Votre quotidien ?

Oui, bien-sûr puisque je fabrique mes propres créations.

Eve, que vous inspire la thématique du prix spécial ?

Quand je pense à la consigne, je pense avant tout à la conception d’un scenario d’usage : comment envisager ce mode de consommation de nos jours ? par le biais de quels circuits ?Je trouve très intéressant de questionner cette pratique par le prisme de la forme.

Parmi les projets réalisés par les candidats, qu’est ce qui pourrait faire la différence dans le choix de votre coup de cœur ?

Idéalement, tout ça à la fois ! Je pense que l’éco-conception est déjà ancrée dans le cahier des charges du concours : concevoir un emballage en verre est déjà, en soi, un engagement. Je pense que je serai plus sensible aux projets qui prennent en compte qu’un emballage n’existe pas seul : il est, en quelque sorte, au service d’un produit.

Eve, vous avez déjà été à la place des étudiants ; vous avez fait face à l’enjeu du concours et à la pression. Quels conseils partageriez-vous avec nos candidats pour les aider à donner le meilleur d’eux-mêmes ?

Je dis souvent que le design ne peut pas tourner autour du design, c’est une discipline qui se nourrit de différents domaines, afin de mieux les servir. Mon conseil serait donc : restez ouverts.

Que pensez-vous pouvoir apporter aux participants ?

Ce concours, c’est un premier pas vers l’exercice professionnelle du métier de designer. Cette activité peut prendre différentes formes, et j’apporte un exemple concret de réalisation professionnelle.
Le verre est un matériau auquel on est très rarement initié au cours des études de design. J’espère que le concours permettra aussi aux participants de découvrir différentes facettes de cette matière intemporelle.

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